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Photo du rédacteurMax

Le Bureau des affaires occultes, Éric Fouassier (2021)

Un roman policier qui se déroule au coeur des années 1830. Porté par un personnage intriguant, la magie opère. Un très bon livre !


Un roman policier qui nous plonge au coeur du XXIème siècle !
 

Le Bureau des affaires occultes, Éric Fouassier, Le livre de Poche, 2022 (2021)


1830, dans un Paris fiévreux encore sous le choc des Journées révolutionnaires de juillet, le gouvernement de Louis-Philippe, nouveau roi des Français, tente de juguler une opposition divisée mais virulente. Le jeune inspecteur Valentin Verne est muté à la brigade de Sûreté, fondée quelques années plus tôt par le fameux Vidocq. Il doit élucider une série de morts étranges susceptible de déstabiliser le régime. Car la science qui progresse, mêlée à l’ésotérisme alors en vogue, inspire un nouveau type de criminalité. Féru de chimie et de médecine, cultivant un goût pour l’irrationnel, Valentin sait en décrypter les codes. Nommé à la tête du « bureau des affaires occultes », un service spécial chargé de traquer ces malfaiteurs modernes, il va donner la preuve de ses extraordinaires compétences.


Mais qui est vraiment ce policier solitaire, obsédé par la traque d’un criminel insaisissable connu sous le surnom du Vicaire ? Qui se cache derrière ce visage angélique où perce parfois une férocité déroutante ?

 

Le titre a déjà de quoi susciter un certain intérêt. Un bureau des affaires occultes ? Mais de quelles affaires parlons-nous ? Occultes en plus. Vite, retournons le livre pour jeter un œil à la quatrième de couverture.


L’intrigue se passe au XIXème siècle, à la fin de la Restauration ? Encore plus intéressant : voici une période de l’histoire plutôt méconnue, finalement. Nous allons suivre un tout jeune inspecteur de police enquêtant sur une série de morts mystérieuses ? Séduisant. Un mélange de roman historique et de roman policier ? Parfait, c’est tout ce que j’aime. C’est parti, prenons-le et lisons-le !


Voici en quelques mots ma démarche lorsque je découvris ce livre en librairie. Et autant dire d’emblée que ce roman est globalement à la hauteur de mes attentes. Écrit par Éric Fouassier, auteur que je ne connaissais pas, il laisse présager le début d’une série que je suivrais, au moins de loin, sans l’ombre d’un doute.


Crime et Histoire font parfois bon ménage


Si ce livre est particulièrement séduisant, c’est parce qu’il ancre parfaitement son intrigue policière au cœur d’une période de l’Histoire dont on connaît, finalement, assez peu de choses. À chaque page, on sent le travail de documentation fourni par l’auteur pour décrire au mieux cette fameuse année 1830, tant au niveau du jeu politique en lame de fond (particulièrement trouble) qu’au niveau du portrait qui est fait de l’époque, de la vie du peuple et de la société dans son ensemble. Plus intéressant encore, meurtres inexpliqués obligent, Éric Fouassier nous transmet à travers les avancées scientifiques de l’époque sa passion pour la pharmacie et la chimie.


Petite mention spéciale au style de l’auteur : s’il a voulu situer sa plume, comme son intrigue, au milieu des années 1830, l’écriture est cependant loin d’être pompeuse et désuète, me semble-t-il. Les phrases sont fluides, tout comme les dialogues, qui restent particulièrement lisibles et agréables, alors qu’il s’agit souvent d’un piège pour grand nombre d’auteurs qui souhaitent imiter le phrasé et l’écriture de l’époque, sans grande réussite parfois.


Amateurs de romans policiers, je pense que vous saurez trouver votre compte avec ce Bureau des affaires occultes. L’enquête est plutôt bien menée, nous livre des détails au compte goutte pour un final plutôt réussi. Le tour de force de ce roman réside dans la double enquête menée en parallèle par Valentin Verne (celle concernant le Vicaire, ce prédateur visant de jeunes enfants, et celle concernant des bourgeois mourrant mystérieusement). Pour débuter une série de livres, c’est plutôt ambitieux ! Mais fort de son expérience (il a déjà plusieurs livres à son actif), Éric Fouassier s’en tire à merveille ! Il en profite même pour creuser son personnage principal et faire quelques révélations pour le moins inattendues…


En alliant les ressources de leur art et l’éclairage au gaz de leurs boutiques, les pharmaciens avaient inventé l’enseigne lumineuse. Ce que peu de personnes savaient, c’est que l’installation de ces vocaux en vitrine poursuivait un autre but commercial encore plus subtil. Leur disposition dépendait en effet du sens d’ouverture de la porte. Lorsqu’un chaland pénétrait dans l’officine, son visage se superposer au vocal de couleur froide, ce qui conférait une mine cadavérique. Au contraire, lorsqu’il s’apprétait à sortir de la boutique, son reflet se teintait de couleur chaude et semblait resplendir de santé. L’effet bénéfique sur la psychologie du client était garanti !

Un personnage aussi fascinant que mystérieux


Venons-en à Valentin Verne. La grande réussite de l’auteur réside sans conteste dans ce personnage, si jeune et pourtant si intriguant. Dès les premières pages, le lecteur est frappé par les nombreuses zones d’ombres qui résident dans son parcours. La suite du récit pourra lever le voile sur des parties de sa jeunesse, mais demeurera tout de même une impression étrange le concernant, presque magnétique.


Visiblement profondément torturé, particulièrement sombre et solitaire, il traque depuis plusieurs mois un criminel dont on ne sait, finalement, que très peu de choses. Un homme en soutane qui vole et séquestre des enfants… de quoi donner froid dans le dos. Mais alors qu’il progresse dans sa traque, il est muté dans un nouveau service pour résoudre une série de meurtres dans la haute bourgeoisie de l’époque. Si les premiers éléments tendent à conclure au suicide, Valentin n’en est pas si sûr. Obligé de mener ces deux enquêtes de front, le danger le guette de plus en plus…


Son esprit était comme une pièce trop longtemps close qu’il faut vite aérer avant que la poussière ne se redépose partout.

C’est ainsi que le roman se trouve être particulièrement bien construit, alternant les passages et chapitres permettant d’en savoir un peu plus sur ce jeune inspecteur, et les enquêtes à proprement dites. Si le final m’a semblé un peu bancal, cela n’altère en rien l’agréable sensation de plaisir qui nous enlace au fil des pages. De quoi expliquer le fait qu’il ait reçu le prix Maison de la Presse en 2021.


Dans l'ensemble, Le Bureau des Affaires Occultes est donc une vraie réussite et une belle découverte. Pour ce premier roman d’une série (série qui sera longue, je l’espère) construite autour de Valentin Verne, son personnage principal, Éric Fouassier plonge ses lecteurs au cœur du XIXème siècle, durant les années 1830. La structure narrative de ce roman alterne habilement entre le développement de ce jeune inspecteur de police, solitaire et torturé, et les enquêtes policières, rendant l’intrigue particulièrement rythmée et savoureuse. Pourtant l’auteur, me semble-t-il, a fait pour ce premier roman un choix plutôt ambitieux : mener deux enquêtes de front tout en travaillant profondément son personnage principal. Décision payante tant ce roman conserve un bon équilibre et se révèle être totalement cohérent. Si le dénouement m’a paru légèrement décevant, ponctué par certaines facilités narratives, il reste néanmoins un roman policier (et historique) de très bon cru. Avis aux amateurs du genre : la série que ce roman laisse envisager pourra séduire bon nombre d’entre vous !


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“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

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