top of page
  • Photo du rédacteurMax

L’innocence et la loi, Michael Connelly (2020)


Avec ce roman procédural, Michael Connelly nous plonge au coeur du système judicaire américain. Un livre palpitant et percutant.


 

L’innocence et la loi, Michael Connelly, Le livre de Poche, 2022 (2020)

Au sortir d’un pot pour fêter sa victoire au tribunal, Mickey Haller est arrêté pour défaut de plaque d’immatriculation. Mais, en ouvrant le coffre de la voiture, l’agent de police trouve un cadavre à l’intérieur. Celui d’un escroc que l’avocat a défendu à de nombreuses reprises, jusqu’au moment où le client l’a arnaqué à son tour. Accusé de meurtre et incapable de payer la caution de 5 millions de dollars, Haller est incarcéré et confronté à une avocate de l’accusation qui veut sa peau, Dana Berg. Il comprend qu’il a été piégé – mais par qui, et pourquoi ? – et décide d’assurer lui-même sa défense. Pas facile quand, en plus d’être en prison et donc la cible de violences, il est la proie d’une machination que même Harry Bosch, son demi-frère, aura du mal à démêler.

 

Si vous aimez les romans policiers, les polars, les enquêtes criminelles, vous devez probablement connaître l’écrivain américain Michael Connelly. Auteur de près d’une cinquantaine de romans, il s’est fait connaître au milieu des années 1990 et est devenu une référence incontournable de ce genre littéraire. Si son succès a véritablement débuté à la publication de son livre Le Poète en 1996 aux Etats-Unis, c’est sa série de livres construite autour de son personnage phare Harry Bosch qui lui a donné une renommée internationale. Présent dans plus d’une trentaine de romans, l’inspecteur Bosch s’est également vu adapté dans une série télévisée du même nom (série que je ne peux que vous conseiller si vous appréciez le genre). En parallèle de cette série, Connelly a également choisi à plusieurs occasions de se focaliser sur un avocat de Los Angeles, demi-frère de Bosch : Mickey Haller. C’est de lui dont il est question ici.


Michael Haller est un avocat particulièrement connu de la cité des Anges. A la sortie d’un bar, il se fait arrêter par un policier sans doute un peu trop zélé. Ce dernier lui demande alors d’ouvrir le coffre de sa voiture. Qu’elle ne fut pas la surprise d’Haller en découvrant qu’un cadavre y avait été déposé. Pour lui, c’est le début des emmerdes. Arrêté, le roman va suivre la préparation de son procès, puis son déroulement. Lui qui a défendu toute sa vie des personnes accusées de crimes ou de délits, le voici à leur place. Et c’est pour lui une plongée de l’autre côté du miroir.


L’innocence n’est pas un terme de droit. Ce n’est jamais l’innocence de quiconque qui est reconnue dans une cour de justice. Personne n’est jamais disculpé par le verdict d’un jury. Le système ne peut rendre qu’un verdict de culpabilité ou de non-culpabilité. Rien d’autre, ça s’arrête là.

Accusé à tort, le lecteur va ainsi suivre toute la préparation de la défense d’Haller, lui qui a décidé de se représenter lui-même. Se sachant piégé, il doit trouver les preuves de son innocence et, surtout, trouver qui a pu lui mettre le meurtre de cet individu sur le dos. Avec son équipe de choc (Lorna, Cisco, Jennifer), mais également ses anciennes compagnes, sa fille et, bien sûr, son demi-frère, Harry Bosch, il va choisir de se défendre. La stratégie est claire : amener le jury a penché pour l’oeuvre d’un tiers, et, ce faisant, trouver quelqu’un qui en voulait suffisamment à Haller pour lui faire porter le chapeau de ce meurtre. De la prison dans laquelle il est détenu, il va ainsi devoir faire le travail de la police et de la procureure (qui tient particulièrement à le mettre derrière les barreaux pour de bon).


Et c’est précisément là que ce livre devient proprement fascinant. Son auteur, Michael Connelly, est particulièrement réputé pour plonger ses lecteurs au cœur de la réalité de Los Angeles et, plus globalement, au cœur du système judiciaire américain. De fait, ses livres ont tous la particularité d’être extrêmement procédural, se basant énormément sur les démarches et procédures policières lorsqu’il s’agit d’Harry Bosch, ou, comme ici avec Haller, nous faisant découvrir les méandres de la justice des Etats-Unis. Or, quand le principal intéressé, avocat de profession, se trouve accusé de meurtre, le roman prend une nouvelle dimension. Il ne s’agit plus de défendre un client comme tant d’autres, mais bel et bien de sauver la vie de son personnage principal. Et ici, Michael Connelly le fait à la perfection.


La seule façon de prouver que ce n’est pas moi, c’est de trouver qui l’a tué et de le prouver. C’est comme ça que ça fonctionne, l’innocence.

On pourrait trouver, à l’image de certaines séries télévisées, qu’un roman procédural puisse devenir au fil des pages un poil barbant, ennuyant peut-être. Or ici, l’intérêt du lecteur et le suspense persistent chapitre après chapitre, Connelly arrivant à maintenir la tension jusqu’à la fin de son roman. Grosse prouesse de son auteur lorsqu’on sait que le livre, en format poche, fait plus de 550 pages.


Si ce roman policier est, me semble-t-il, très bien mené, formidablement bien construit, il offre aussi, en seconde lecture, une réflexion sur le système judiciaire américain et, peut-être, sur la justice en tant que telle. On ne peut que se demander comment, si Haller n’avait pas eu son équipe pour l’aider à se défendre, une personne modeste accusée à tort aurait pu se défendre face au bulldozer du procureur qui, une fois lancé, écrase tout sur son passage. Combien d’innocents se retrouvent ainsi emprisonnés ? Un verdict de non-culpabilité et celui d’un non lieu peuvent-ils effacer le doute qui subsistera quoi qu’il arrive ? Être reconnu non coupable ne peut effacer le doute qui restera après le procès. Même être reconnu innocent ne peut faire oublier le poids du doute et de la culpabilité qui a trôné, au moins un temps (plusieurs années parfois entre l’arrestation et le procès), au-dessus de la tête du ou de la mise-en-cause. Mais une autre forme de justice est-elle seulement possible ? Bref, en plaçant son personnage principal derrière les barreaux, Michael Connelly nous invite à découvrir, de l’intérieur, les rouages de la justice, avec ce qu’elle a de meilleur et de pire.


Personne n’a jamais dit que le droit était juste.

Avec ce roman, Michael Connelly revient avec l’un de ses personnages fétiches, Mickey Haller, l’avocat à la Lincoln de Los Angeles. Après avoir défendu des centaines de clients, voilà qu’il est accusé de meurtre, un cadavre ayant été retrouvé dans sa voiture. Lui qui défendait, il est désormais accusé, et incarcéré. Il plonge ainsi de l’autre côté du miroir et doit prouver son innocence. Fidèle à tout ce qui a fait son succès depuis plus de trente ans maintenant, Connelly nous livre ici un roman réaliste et procédural qui nous emmène au cœur du système judiciaire américain. En suivant la préparation du procès d’Haller et son déroulement, l’auteur nous fait découvrir le fonctionnement du système américain dans lequel rien n’est plus difficile que de prouver son innocence. Écrasé par le poids de l’accusation et du piège qui lui a été tendu, Haller, qui a choisi de se représenter lui-même, doit préparer son procès du fond de la prison dans lequel il est détenu avec l’aide de son équipe et de son demi-frère, Harry Bosch. Même si la fin est un peu trop abrupte peut-être, il n’en demeure pas moins que ce roman de Connelly est fidèle à l’ensemble de son oeuvre : hyperréaliste, aussi procédural que palpitant, il nous plonge au coeur des Etats-Unis dans ce qu’ils ont de plus sombre. Plus intéressant encore sans doute, ce roman offre en seconde lecture une réflexion sur le système judiciaire américain, et sur la justice plus généralement. Un vrai plaisir de lecture.



📖📖📖📖


“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

bottom of page