top of page
  • Photo du rédacteurMax

De la démocratie en Amérique (T 1) - Alexis de Tocqueville (1835)

Tocqueville étudie ici le système politique américain et nous offre une théorie de la démocratie pleine de lucidité.


Un livre de philosophie politique sur la démocratie en Amérique
 

De la démocratie en Amérique I, Alexis de Tocqueville, Folio Histoire, 1986 (1835)

Tout dans l'œuvre de Tocqueville se rattache plus ou moins directement à un problème unique : dans les sociétés occidentales entraînées par un processus providentiel de démocratisation, la liberté de chaque homme pourra-t-elle subsister ?

Si l'idée centrale est une, les périls sont multiples, et depuis 1930 les commentateurs ont mis l'accent sur tel aspect ou tel autre. D'abord, au temps des fascismes occidentaux, ils ont valorisé le refus du totalitarisme, sacrifice de la liberté à un égalitarisme brutal. Depuis la chute de ces régimes, ils ont paraphrasé la vision de Tocqueville des périls insidieux d'une société de consommation qui invite chaque citoyen à se retirer dans le confort d'une vie privée dépourvue de toute solidarité ; et ils ont mis en valeur les pages où Tocqueville montre le danger corrélatif de la substitution aux décisions librement discutées, d'un bureaucratisme tout-puissant et stérile.

Tocqueville, observant l'enfance des démocraties modernes, y avait diagnostiqué les germes de maux qui se sont développés avec leur croissance.

 

Alexis de Tocqueville est un auteur majeur du XIXème siècle dont, curieusement, on n’entend finalement que peu parler aujourd’hui. Pourtant, son apport théorique et pratique en philosophie politique et en sociologie est, à bien des égards, majeur. Auteur souvent présenté comme libéral, il aura fallu attendre le XXème siècle et des philosophes comme Raymond Aron, entre autres, pour redécouvrir la puissance de ses textes et la fascinante lucidité qui est, encore aujourd’hui, d’une grande pertinence. Car, en effet, si Alexis de Tocqueville reste un philosophe et politiste qu’il faut, à mon sens, prendre le temps de lire, c’est parce que le concept qu’il a le plus décrit et étudié n’est rien d'autre que celui de la démocratie elle-même. Et autant dire qu’il y a énormément de choses à dire à ce sujet.


Si quelqu'un me montrait, entre l'indépendance complète et l'asservissement entier de la pensée, une position intermédiaire où je puisse espérer me tenir, je m'y établirais peut-être ; mais qui découvrira cette position intermédiaire ?

Mais revenons à Tocqueville. Né en 1805, il appartient par son père à la vieille noblesse féodale normande. Très tôt passionné par la politique, notamment grâce aux écrits de Malesherbes (1721-1794) dont il est un descendant, il décide de partir aux Etats-Unis en avril 1831 pour y étudier le système carcéral américain. Mais ce n’est en réalité qu’un prétexte. Une fois arrivé là-bas, rapidement son intérêt se portera sur la démocratie elle-même, qu’il jugera inéluctable. Pour lui, tout depuis plusieurs siècles amène à penser que la démocratie ne fait que s’installer progressivement dans la société. Ce voyage aux Etats-Unis est donc pour lui le moyen de découvrir la démocratie dans ce qu’elle a, à l’époque, de plus abouti, son fonctionnement mais aussi ses limites. En voyageant pendant près d’un an dans cette toute jeune nation, il tirera la matière de ce qui sera son œuvre majeure, De la démocratie en Amérique, découpée en deux tomes, le premier paru en 1835 et le second en 1840. C’est logiquement du premier livre dont il est question ici.


Commençons par évoquer de manière concise l’objet même de ce livre. Ce premier tome étudie minutieusement le système politique américain de la première moitié du XIXème siècle et montre comment la démocratie s’est construite, et comment elle s’organise du niveau des villes à celui de l’Etat fédéral. Si ce livre est avant tout très descriptif, Tocqueville en fait ressortir néanmoins une théorie de la démocratie.


Ainsi donc, à mesure que j'étudiais la société américaine, je voyais de plus en plus, dans l'égalité des conditions, le fait générateur dont chaque fait particulier semblait descendre, et je le retrouvais sans cesse devant moi comme un point central où toutes mes observations venaient aboutir.

Dès l’introduction, Tocqueville rappelle l’intuition qu’il a eue lors de son voyage aux Etats-Unis : ce qui sous-tend l’ensemble de la démocratie américaine est, pour lui, l’idée même d’égalité. Pour lui, l’égalité des conditions qu’il met ainsi en avant repose avant tout sur l’égalité en droit des opportunités. Mais la démocratie en tant qu’état social, est devenue, aux Etats-Unis, un état politique qui repose avant tout sur la souveraineté du peuple, à travers, par exemple, l’élection des membres du pouvoir juridique et législatif. Mais en réalité, ce n’est pas véritablement le peuple qui gouverne, mais plutôt la majorité. Les opinions majoritaires en viennent à être au pouvoir, avec par exemple, le système des partis politiques qui se reposent avant tout sur une majorité. Si cette majorité agit avant tout pour le bien du plus grand nombre, elle présente néanmoins un risque : celui de tomber dans ce que Tocqueville appelle, “la tyrannie de la majorité”.


Mais qu’est-ce qui permet à la démocratie de tenir ? Si elle peut perdurer aux Etats-Unis, note Tocqueville, c’est parce que l’esprit de liberté va de pair avec l’esprit de religion, qui permet de tempérer les mœurs. La religion, et peu importe laquelle, puisqu’aux Etats-Unis, il y en a en réalité plusieurs qui cohabitent (le nombre important de sectes le souligne bien), permet de tisser un lien moral et social entre tous les habitants du pays.


Or je ne sais que deux manières de faire régner l'égalité dans le monde politique : il faut donner des droits à chaque citoyen, ou n'en donner à personne.

Après ce résumé rapide du livre, certains points méritent d’être un peu plus approfondis. Le choix de Tocqueville de se focaliser sur les Etats-Unis semble évident : à ses yeux, pour étudier correctement ce concept de démocratie, il faut porter son attention sur son point de départ. Et contrairement aux nations européennes où la démocratie ne peut s’installer qu’après un passage d’un état aristocratique à un état démocratique, les Etats-Unis présentent la caractéristique essentielle de s’être construit dès le début comme une démocratie. C’est donc pour cette originalité que Tocqueville choisit d’étudier la démocratie dans ce nouveau pays.


Le premier constat que fait Tocqueville est le suivant : Pour lui, la démocratie américaine est à la fois sociale, parce qu’elle repose avant tout sur l'égalité des conditions de tous ses citoyens, et politique, parce qu’elle est également construite sur la souveraineté du peuple. Son influence s'exerce d'un domaine à l'autre, et dans les deux sens. Mais de là émerge une question : comment une démocratie a-t-elle pu émerger d’une société faite avant tout d'émigrés européens ? La réponse est relativement simple : d’abord parce que la plupart d’entre eux sont républicains, mais aussi parce qu’ils sont majoritairement pauvres. Plus important encore, parce qu’au fond, ils se considèrent tous comme égaux. C’est l’un des points essentiels qui fait toute l’originalité de la pensée de Tocqueville.


Les institutions démocratiques réveillent et flattent la passion de l'égalité sans pouvoir jamais la satisfaire entièrement.

Pour Tocqueville, la démocratie n’est pas seulement une forme de gouvernement régulée par des institutions, mais c’est avant tout un état social, d’où l’importance qu’il donne aux "mœurs". Il existe un état social démocratique, c’est-à-dire une tendance à l’égalisation des conditions, qui doit, ensuite, se transformer en une forme de gouvernement. En d’autres termes, il existe un état social démocratique qui peut parfaitement coexister avec un état politique dictatorial, tyrannique ou encore monarchique. Le premier signe de cet état démocratique est celui de l’apparition de l’opinion publique, d’une certaine liberté de la presse, d’une certaine mobilité sociale, etc... qui peuvent exister avant l’avènement d’institutions politiques démocratiques en tant que telles.


Mais ce que Tocqueville met intelligemment en évidence dans ce livre, c’est la tension constante entre deux principes : celui de la liberté et celui de l’égalité. On l’a vu, pour lui, ce qui a permis à la démocratie de s’installer dès ses débuts aux Etats-Unis, c’est la relative mais non moins essentielle égalité des conditions qui animait alors les citoyens américains.


On ne saurait trop le dire : il n'est rien de plus fécond en merveilles que l'art d'être libre ; mais il n'y a rien de plus dur que l'apprentissage de la liberté.

Pourtant, la volonté permanente d’égalité peut conduire à des dangers. En effet, le problème de l’égalité c’est qu’elle implique et engendre souvent un renoncement à la liberté. C’est l’un des problèmes de la démocratie que pointe Tocqueville : la démocratie est une tension entre deux forces qui doivent être égales et complémentaires : l’égalité et la liberté. Pour lui, l’une des faiblesses de la démocratie repose sur le fait que les peuples seront toujours tentés de sacrifier la liberté au nom de l’égalité. C’est en ce sens qu’on peut dire que, pour Tocqueville, la démocratie a en elle les germes d’un potentiel despotisme. Parce qu’à trop vouloir imposer l’égalité, on finit par supprimer bon nombre de libertés. Et c’est en instaurant ce type de restrictions que les bases d’un totalitarisme peuvent advenir.


Si Tocqueville est parfois cité, c’est pour son fameux concept de “tyrannie de la majorité ”. Avec ce qui a été dit précédemment, on comprend mieux comment, dans une démocratie, la majorité peut très rapidement entrer en conflit ouvert avec des minorités. Pour le dire autrement, Tocqueville est impressionné par une idée qu'il n'a pas inventée, mais qu’il voit déjà poindre dans la jeune démocratie américaine : celle de la tyrannie de la majorité. Cette tyrannie de la majorité est considérée comme un être moral formé d'individus peu différenciés et animés de passions égalitaires. Ces passions collectives peuvent s'exercer à l'encontre des minorités et des élites sociales, par une intolérance étroite et par le désir d'un contrôle populaire renforcé sur les institutions. Pour lui, la seule façon de contenir cette tentation, c’est de maintenir autant que possible les libertés. C’est, entre autres, pour cette raison qu’il est considéré comme un penseur libéral.


Si jamais la liberté se perd en Amérique, il faudra s'en prendre à l'omnipotence de la majorité qui aura porté les minorités au désespoir et les aura forcées de faire un appel à la force matérielle. On verra alors l'anarchie, mais elle arrivera comme conséquence du despotisme.

Si l’on rentre plus en détails dans ce livre, plusieurs remarques s’imposent. En premier lieu, sa forme. Bien qu’il soit étonnement limpide, il peut sans doute apparaître comme relativement fastidieux tant le sujet qu’il traite semble de prime abord complexe ou trop théorique. En effet, il passe en revue les différentes strates de la vie politique américaine, de la ville au gouvernement fédéral en passant par les Etats, et aborde des aspects parfois très techniques (par exemple la justice et son exécution, ou encore le pouvoir législatif). Pourtant, les conclusions qu’il en déduit sont, me semble-t-il, remarquablement pertinentes. Je n’en évoquerai ici que quelques-unes.


D’abord celle relative à l’engagement et à l’implication des citoyens dans la vie politique des Etats-Unis. Pour que la démocratie fonctionne, nous dit Tocqueville, il faut des citoyens actifs. C’est l’un des aspects qui le fascine tant lors de son voyage : entre les différentes strates de la vie politique de ce pays, les nombreux postes (administratifs, juridiques) auxquels sont élus les citoyens américains et l’importance qu’ils donnent aux associations, un grand nombre d’entre eux participe de fait à la vie politique et démocratique de leur pays. En ce sens, ce texte ne peut que faire écho à ce phénomène typiquement moderne et contemporain que nos sociétés traversent aujourd’hui et la crise démocratique que nous traversons.


Ne tournons pas nos regards vers l'Amérique pour copier servilement les institutions qu'elle s'est données, mais pour mieux comprendre celles qui nous conviennent, moins pour y puiser des exemples que des enseignements, pour lui emprunter les principes plutôt que les détails de ses lois. Les lois de la République française peuvent et doivent, en bien des cas, être différentes de celles qui régissent les Etats-Unis, mais les principes sur lesquels les constitutions américaines reposent, ces principes d'ordre, de pondération des pouvoirs, de liberté vraie, de respect sincère et profond du droit sont indispensables à toutes les Républiques, ils doivent être communs à toutes, et l'on peut dire à l'avance que là où ils ne se rencontreront pas, la République aura bientôt cessé d'exister.

Autre évidence à ses yeux : pour lui, la religion est un des ciments de la démocratie. Même s’il n’est pas un grand croyant (il est en réalité agnostique), il reconnaît que la religion, et les habitudes et croyances qui y sont liées, permettent aux individus d’échapper en partie au doute et de s’investir dans leurs affaires et celles de la vie politique. En ce sens, la religion a donc une fonction sociale. Mais elle doit être séparée de l’Etat, note-t-il cependant. Il remarque aussi que l’Etat fédéral et le gouvernement sont en réalité très peu présents dans la vie quotidienne des américains ou, du moins, est presque invisible. Tout se passe au niveau des villes et, plus globalement, des Etats.


Mais ce qui est sans doute le plus fascinant dans ce livre, c’est l’incroyable lucidité dont il fait preuve et le regard qu’il porte sur les Etats-Unis. Si, pour lui, la démocratie est inévitable, notamment en France, on ne doit pas pour autant “copier” ce qui se fait outre Atlantique. On doit s’en inspirer et adapter le fonctionnement démocratique à notre réalité socio-historique. A l’époque, la France était encore énormément aristocratique, et les mœurs qui y étaient implantées ne pouvaient être effacées d’un revers de manche. Par exemple, il était conscient que la centralisation administrative était une caractéristique qu’il fallait prendre en compte en France, même s' il fallait la diluer et la réduire.


Les modernes, après avoir aboli l'esclavage, ont donc encore à détruire trois préjugés bien plus insaisissables et plus tenace que lui : le préjugé du maître, le préjugé de race, et enfin le préjugé de blanc.

Cette lucidité typique de l’auteur le pousse, déjà, dès 1835, à pointer du doigt la manière dont les Etats-Unis se sont construits. Tocqueville explique et dénonce que cette grande démocratie moderne s’est en réalité bâtie sur deux crimes contre l’humanité : l’esclavage des Noirs et le génocides des Amérindiens. Il perçoit donc les limites de cette démocratie qu’il décrit pourtant comme étant fondée sur l’égalité : la condition des Noirs et celle des Amérindiens. Dès 1835, il fera ce constat amer : il n’y aura bientôt plus d’Amérindiens vivants aux Etats-Unis. Et concernant les Noirs, il aura de cesse dans ce livre de montrer en quoi l’esclavage “déshonore le travail” et, plus pertinent encore, comment l’esclavage, quand bien même ce dernier finira par être aboli, sera au coeur des discriminations raciales qui perdureront des décennies, et même des siècles plus tard. Pour lui, tant que ces inégalités perdureront, les Blancs et les Noirs n’arriveront pas à vivre ensemble dans ce pays. S'il sent bien la tension qui existe à ce sujet, il n’en voit pas pour autant de solutions..


Enfin, un dernier fait marquant : Tocqueville avait déjà senti l'émergence des deux grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Russie, pays qui marqueront le XXème siècle. “Il y a aujourd'hui sur la terre deux grands peuples qui, partis de points différents, semblent s'avancer vers le même but : ce sont les Russes et les Anglo-Américains.”


Tocqueville montre donc comment la démocratie et la passion de l’égalité sont ambivalentes et quasiment paradoxales en ce qu’elles produisent des dangers et, simultanément, les solutions pour y faire face. Nostalgique de l’aristocratie, Tocqueville veut tirer le meilleur de ce système, dont tout n’est pas à jeter, pour garantir le meilleur de ce que le nouveau peut offrir. Pour le dire autrement, l’auteur s’attache à déblayer les ruines encore visibles de la société aristocratique pour dégager l'espace de la société démocratique. En mettant en évidence les tensions qui existent entre l’égalité et la liberté dans les démocraties, et comment elles peuvent se résoudre, il théorise les fondements de ce que sera la philosophie politique moderne. Et pour y arriver, il alterne deux sortes d'approches distinctes, mais communiquant étroitement : l'analyse sociologique sous forme de tableaux un peu statiques, et la dénonciation de germes de maladies spécifiques de la démocratie qui, en se développant, conduiraient à la tyrannie, c'est-à-dire à la paralysie du corps social. Mais finalement, Tocqueville écrit ce livre pour une seule et unique raison : voyant l’avancée irréversible de l’état démocratique dans la société, il souhaite mettre ses lecteurs en garde contre les maux qui, dans une démocratie, peuvent menacer la liberté humaine. En somme, on pourrait résumer Tocqueville en ces termes : “Oui à la démocratie, mais attention tout de même”.


Quelquefois l'homme marche si vite que le désert reparaît derrière lui.

Tocqueville, l’un des pères de la philosophie politique moderne, nous présente ici, à travers le cas des Etats-Unis de la première moitié du XIXème siècle, sa théorie de la démocratie. En se rendant de l’autre côté de l’Atlantique quelques décennies seulement après son indépendance, il a pu étudier les fondements sur lesquels cette toute jeune démocratie s’était bâtie. S’il met en avant le fait que la démocratie est d’abord et avant tout un état social avant d’être un état politique, il remarque que la démocratie repose en premier lieu sur ce que Tocqueville appelle “l’égalité des conditions”. Pour lui, ce qui anime d’abord un peuple démocratique, c’est sa passion pour l’égalité. Mais si la lecture de Tocqueville est si importante aujourd’hui, c’est parce que son œuvre met en lumière des tendances parfois pernicieuses. Car si l’égalité est au cœur de la démocratie, elle rentre néanmoins souvent en confrontation avec une autre valeur centrale : celle de la liberté. La démocratie repose donc sur une tensions entre ces deux notions parfois contradictoires, et ne peut trouver son maintien qu’à travers un équilibre trouvé entre elles. Outre ses remarques d’une extrême lucidité sur l'avènement des Etats-Unis et de la Russie comme puissances mondiales, on encore sur le devenir des Amérindiens et de la question noire, l’autre apport majeur de Tocqueville réside dans son concept de “tyrannie de la majorité”. Pour lui, la dynamique d’une démocratie réside avant tout dans la majorité qui la fait vivre et qui, en même temps, impose son bon vouloir, quitte à écarter les minorités de la scène politique. En fin de compte, si pour Tocqueville la démocratie est un processus irrésistible et souhaitable, il n’oublie pas de nous mettre en garde contre ses potentielles dérives. Le lire aujourd’hui peut donc nous apporter un éclairage nouveau sur nos démocraties modernes.


“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

bottom of page