top of page
  • Photo du rédacteurMax

Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas (1844)


Un classique de la littérature française qui a tout : personnages iconiques, romance, intrigues, aventures et, bien sûr, un souffle épique.


Un chef d'oeuvre de la littérature française qui a su traverser les siècles
 

Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas, Le Livre de Poche, 1972 (1844)


Dumas séduit, fascine, intéresse, amuse, enseigne.

Victor Hugo.


Tout le monde connaît la verve prodigieuse de M. Dumas, son entrain facile, son bonheur de mise en scène, son dialogue spirituel et toujours en mouvement, ce récit léger qui court sans cesse et qui sait enlever l’obstacle et l’espace sans jamais faiblir. Il couvre d’immenses toiles sans jamais fatiguer ni son pinceau, ni son lecteur.

Sainte-Beuve.


Les Trois Mousquetaires… notre seule épopée depuis le Moyen Âge.

Roger Nimier.


Les Trois Mousquetaires forment le plus divertissant des romans d’aventures. Leurs personnages, Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan, sont sortis des bibliothèques pour descendre dans la rue. Ils ont enseigné l’insolence et l’amitié à beaucoup de jeunes Français qui ont aussi découvert les fatalités de l’amour en rêvant aux belles épaules de Milady et à ses regards de perdition.

Kléber Haedens.

 

Comment se fait-il que Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas soit encore aujourd’hui l’un des romans les plus populaires de la littérature française ? Publié en 1844 sous la forme d’un feuilleton dans le journal Le Siècle, ce livre a su traverser le temps et les frontières pour devenir l’une des références littéraires du roman d’aventure. Adapté des dizaines de fois au cinéma (comme récemment avec le dyptique de Martin Bourboulon) ou même à la télévision britannique (comme il y a quelques années avec la série produite par la BBC), les mousquetaires du roi Louis XIII inspirent encore aujourd’hui les aventures de nombreux enfants et occupent une place importante dans l’imaginaire collectif français.


Tous pour un, un pour tous.

Un roman typique du milieu du XIXème siècle


Donnons peut-être dès à présent un peu de contexte. Au début des années 1840, Alexandre Dumas est l’un des auteurs les plus en vue dans le milieu littéraire et culturel français, aux côtés d’autres grands noms comme Balzac, Gérard de Nerval ou encore Victor Hugo. Dumas avec Henri III et sa cour (1829) mais surtout Hugo avec Cromwell (1827) ou Hernani (1830) contribueront à populariser le drame romantique dans une époque où l’Histoire et le théâtre regagnaient leurs titres de noblesse.


Dans les années 1830, et surtout à partir de 1836, date à laquelle Émile de Girardin, fondateur du quotidien La Presse, rompt radicalement avec le modèle économique de la presse en abaissant l’abonnement et augmentant le nombre d’encart publicitaires, les journaux sont tirés à de plus en plus d’exemplaires. Pour fidéliser un nombre plus conséquent de lecteurs, une nouvelle forme littéraire voit le jour : le roman-feuilleton. C’est à cette époque que Dumas s’éloigne peu à peu du théâtre pour se consacrer aux romans. A la fin des années 1830, il en a déjà publié plusieurs dont notamment Pauline en 1838.


Si Dumas a depuis ses débuts toujours été un auteur prolifique, c’est véritablement durant les années 1840 qu’il augmente la cadence et se met à rédiger des dizaines de romans, nouvelles, poésies et pièces de théâtre. Ne pouvant tout écrire seul, il se rapproche d’un jeune auteur en manque de notoriété qui décide de devenir son collaborateur. C’est ensemble qu’ils écriront les grandes œuvres de Dumas, dont Le Comte de Monte-Cristo (1844-1846) et, surtout, Les Trois Mousquetaires (1844) paru sous forme de roman-feuilleton.


Des personnages iconiques qui traversent les âges


Le succès intemporel des Trois Mousquetaires réside peut-être d’abord, ou en partie, ici : en étant diffusé de manière progressive, jour après jour, dans un journal, ce sont des centaines de milliers de personnes qui ont pu découvrir les aventures d’Athos, Porthos, Aramis et D’Artagnan. Et en ne livrant qu’un chapitre après l’autre, un peu à la manière de nos séries télévisées contemporaines, ce format a su susciter une attente et une fidélisation dont un a dû mal à imaginer l’ampleur aujourd’hui. Dès sa publication, ce roman est devenu un véritable phénomène populaire. Le peuple s’est approprié cette histoire et l’a fait devenir un véritable classique de la littérature française.


Mais est-ce l’unique raison de son immortalité ? Certainement pas. En forgeant cette histoire incroyable, Dumas et Maquet ont su mettre tous les ingrédients pour que les Trois Mousquetaires deviennent un roman d’exception : aventures, romances, fraternité, Histoire, humour, courage… Ce livre rassemble tout cela, et sans doute bien plus encore.


C’est par son courage, entendez-vous bien, par son courage seul, qu’un gentilhomme fait son chemin aujourd’hui. Quiconque tremble une seconde laisse peut-être échapper l’appât que, pendant cette seconde justement, la fortune lui tendait.

Dès les premières pages, le lecteur ne peut que s’identifier à D’Artagnan, jeune gascon sans le sou qui fait montre de tout son courage contre le comte de Rochefort et Milady. Rêvant de faire carrière au sein des mousquetaires du roi dirigés par Tréville, D’Artagnan a tout pour plaire : jeune, fougueux, intelligent et beau, il est sans nul doute l’un des personnages les plus iconiques de ce livre.


Mais si les premières pages sont consacrées à D’Artagnan, les trois autres mousquetaires que nous découvrons peu à peu (notamment au cours d’une série de duels avortés plutôt amusants provoqués par le Gascon contre les trois amis) se révèlent être tout aussi dignes d’intérêt. Aramis, qui ne cesse d’hésiter entre les armes et la soutane ; Porthos, le compagnon doté d’une grande force, un brin simplet mais profondément bon ; et enfin Athos, le plus mystérieux des trois, qui cache un terrible secret… Bref, les quatre amis ont tout pour séduire n’importe quel lecteur avide d’aventures, de courage et d’amitié.


Pourtant, que serait ce roman s’il n’y avait pas l’ombre de Milady qui planait sur la quasi-totalité de ses pages ? En exagérant sans doute un peu, on répondrait avec passion : « pas grand chose ! ». Car pour pouvoir apprécier les aventures de nos quatre amis, nous devons accepter toute la noirceur de ce personnage féminin aussi torturé que passionnant. Comment ne pouvons-nous pas savourer toute sa complexité, elle qui, agent du Mal par excellence, séduit autant qu’elle tue ? Cette jeune femme blonde est l’antagoniste principal du roman, œuvrant pour le compte de Richelieu. On lui doit certains des passages les plus bluffants du roman, dont notamment celui avec le jeune puritain anglais, John Felton…


C’est ainsi que Dumas, en construisant des personnages iconiques (on a cité Athos, Porthos, Aramis, D’Artagnan, et Milady, mais comment oublier le roi Louis XIII, la reine Anne d’Autriche, ou encore Constance Bonacieux ?), liés entre eux par la noblesse de cœur, la noblesse d’esprit, mais aussi par des valeurs fortes comme l’amour, l’honneur et l’honnêteté, a créé un véritable mythe littéraire. C’est en donnant à son roman cette universalité que l’on peut expliquer le succès de ce roman depuis bientôt deux siècles.


Il y aura en tout temps et dans tous les pays, surtout si ces pays sont divisés de religion, des fanatiques qui ne demanderont pas mieux que de se faire martyrs.

Un mythe littéraire : de la petite histoire à la grande


Le succès des Trois Mousquetaires tient aussi du fait de la formidable intuition de Dumas : en faire un roman historique. Certes, comme évoqué plus haut, le milieu du XIXème siècle fut aussi l’époque du renouveau de ce genre littéraire. Mais Dumas, en grand connaisseur puisqu’il en a déjà rédigé de nombreux, utilise les codes du roman historique pour mieux se les approprier. Avec une certaine subtilité, il adaptera ainsi l’Histoire de France à l’intrigue qu’il compte développer dans ce roman. Il n’hésite donc pas à jouer avec la temporalité et la géographie pour mieux construire un roman structuré et rythmé au gré de ses envies. Ne s’appuyant que sur certaines sources historiques pour ne pas s’enfermer dans une complexité inutile pour une fiction, il se livrera à certaines libertés avec un seul objectif : en faire un roman passionnant.


Ici, comme les péripéties de nos quatre héros s’entremêlent souvent aux événements qui marqueront l’Histoire à jamais, le lecteur est pris dans une succession de scènes (n’oublions pas que Dumas est aussi dramaturge) qui marquera son imaginaire pendant longtemps. Comment ne pas citer par exemple ici la bravoure (ou la folie, au choix) d’Athos, Porthos, Aramis et D’Artagnan lors du siège de La Rochelle ? Accompagnés du laquais Grimaud, ils tiendront pendant près de deux heures un bastion, seuls sous le feu de l’ennemi, en déjeunant un peu tout de même, fait uniquement motivé par la volonté d’être seuls pour évoquer les manigances de Milady. Fabuleux.


En faisant participer de cette manière ses mousquetaires au destin de la nation française, Dumas apporte ainsi la modestie et la simplicité de ses personnages aux portes des grands noms de l’époque qui ont fait l’Histoire : Louis XIII, le cardinal de Richelieu, la reine Anne d’Autriche ou encore le duc de Buckingham. Tous les grands événements de l’époque (l’épisode des ferrets de la reine ou encore le siège de La Rochelle) portent ainsi, pour le lecteur, l’empreinte de ses héros. Quand un jeune gascon sans le sou permet d’éviter la disgrâce de la reine de France, comment ne pas rêver de devenir comme lui ?


La vie est un chapelet de petits mystères que le philosophe égrène en riant.

En fin de compte, les Trois mousquetaires est un roman fleuve qui concentre tous les éléments des grands livres : de l’aventure, de l’amour, du courage, des intrigues politiques, etc… Néanmoins, ce sont peut-être ses personnages (un brin caricaturaux pourtant) qui lui ont permis de traverser les siècles et de devenir un véritable classique. Triomphant dès sa sortie, Dumas donna à son roman deux suites : Vingt Ans Après (1845) et Le Vicomte de Bragelonne (1847-1850)



Les Trois Mousquetaires est l’un des (trop) rares roman à avoir traversé les siècles sans rien perdre de sa superbe. Dès sa sortie en 1844 sous forme de roman-feuilleton, le succès a été au rendez-vous. Dès lors, chaque génération de lecteurs a su s’approprier cette histoire universelle pour la faire traverser les frontières de la seule littérature française et la faire parvenir à la portée de tous. Au vue des nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles internationales dont il a fait l’objet, il ne serait pas absurde d’affirmer que ce roman appartient désormais à l’imaginaire collectif mondial. Mais comment expliquer ce phénomène ? S’il est souvent difficile de saisir les ingrédients du succès d’un livre, ici certains éléments sautent pourtant aux yeux. D’abord, ce sont ses personnages qui happent l’intérêt du lecteur. Sans doute un brin caricaturaux, D’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis n’en restent pas moins particulièrement attachants, portés par des valeurs universelles telles que le courage, l’honneur et l’amour. Et comment ne pas citer la terrible Milady de Winter, principale antagoniste du roman, sans qui les aventures de nos quatre amis seraient cruellement fades. Fruit de son époque (la première partie du XIXème siècle ayant remis au goût du jour ce genre littéraire), Dumas et Auguste Maquet (ne l’oublions pas) ont su mettre à profit le roman historique pour transcender leut intrigue et leurs personnages. Car en mêlant la petite histoire à la grande, en rendant ses héros acteurs des grands événements du XVIIème siècle, les deux romanciers ont apporté la modestie et la simplicité de leurs personnages aux portes des grands noms de l’époque qui ont fait l’Histoire. Dès lors, comment ne pas rêver, nous lecteurs, de devenir l’un de ces mousquetaires ? Ce qui distingue un grand roman d’un chef d'œuvre tient souvent à très peu. Mais ici, si Les Trois Mousquetaires rassemble en son sein visiblement de nombreux indispensables (personnages iconiques, romance, intrigue politique, aventures…), c’est sans nul doute le souffle épique qui se dégage de ce roman qui a réussi à lui faire traverser les âges pour le transformer en un véritable classique de la littérature française. Chapeau bas, Monsieur Dumas.


📖📖📖📖📖



“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

bottom of page