top of page
  • Photo du rédacteurMax

Le Corbeau d’Oxford, Faith Martin (2019)


Un cosy mystery comme on les aime : une intrigue particulièrement bien menée et un duo d'enquêteurs attachants qui rendent sa lecture plaisante !


 

Le Corbeau d’Oxford, Faith Martin, Harper Collins, 2019

Oxford, 1960. Lorsque Sir Marcus Deering, un riche industriel de la région, reçoit plusieurs lettres de menace anonymes, il prend le parti de ne pas s’en inquiéter. Mais bientôt, un meurtre est commis, et les meilleurs éléments de la police d’Oxford sont mobilisés. La toute jeune policière Trudy Loveday rêverait de participer à une affaire aussi importante, mais ses supérieurs coupent rapidement court à ses ambitions. Écartée de l’enquête et chargée d’assister le brillant mais peu amène Dr Clement Ryder, médecin légiste, sur une affaire classée, elle se retrouve pourtant très vite au cœur d’une énigme qui pourrait bien la mener sur la piste du mystérieux corbeau d’Oxford…

 

Un nouveau cosy mystery, cela vous tente ? En ce qui me concerne, l'apparition, ou du moins le développement conséquent de ce nouveau sous-genre du roman policier m’avait, au début, laissé relativement perplexe. Que pouvaient donc bien amener de plus ces livres aux personnages généralement légers et aux enquêtes souvent bien ficelées, mais somme toute loin de casser trois pattes à un canard si vous me passez l’expression ? Un certain conservatisme grégaire qui sommeille toujours en moi (par nostalgie peut-être) me poussait à affirmer qu’en matière de roman policier, l’inégalable Agatha Christie avait tellement apporté qu’il ne restait plus rien à découvrir. Et pourtant…


Force est de constater que depuis quelques années un vent de fraîcheur souffle dans ce genre littéraire. M.C. Beaton ayant renouvelé le genre avec sa fantasque Agatha Raisin, de plus en plus d’écrivaines et écrivains se lancent aujourd’hui dans le cosy mystery. Et ça marche tant le succès de ces livres est au rendez-vous en librairies. Pour cause : le cosy mystery a tout pour plaire. Savant mélange d’enquête policière et d’humour un poil potache, les livres qui s’y rattachent ont le don de nous faire passer un bon moment dans leur ambiance très british (mais pas toujours, preuve en est la série de Nadine Monfils avec Magritte en personnage principal). Avec leurs personnages souvent colorés et leur atmosphère très légère, le public trouve en ces livres une lecture agréable. De quoi occuper ses soirées après de grosses journées de travail. Le livre que je vais présenter ici ne déroge pas à la règle et coche la plupart des cases du cosy mystery. Se déroulant à Oxford (british, disais-je ?) au début des années 1960, il met en scène deux personnages que tout semble opposer. Trudy Loveday est une jeune femme stagiaire à la police de la ville, évidemment reléguée aux patrouilles inintéressantes du fait de son manque d’expérience, mais également faute d’être née femme (curieux n’est-ce pas ?) dont le chemin va rencontrer celui de Clement Ryder, ancien chirurgien devenu coroner (officier de la police britannique dont le travail est d’établir les circonstances du décès et l’identité de la victime). Alors qu’un corbeau envoie des messages de plus en plus inquiétants à un notable de la ville, Ryder décide de rouvrir discrètement une affaire vieille de cinq ans dont les circonstances pourraient bien être liées à ces lettres…


Le décors ainsi posé, que retenir de ce livre ? Peut-être les deux personnages principaux, particulièrement attachants. Trudy est une jeune femme qui souhaite faire carrière au sein de la police au début des années 1960. Tâche oh combien difficile tant la mentalité misogyne de l’époque est particulièrement prégnante. Notons cependant que cet aspect féministe est sous-jacent dans ce livre, non un élément prépondérant bien qu’il soit bienvenu.


Vient ensuite le docteur Clement Ryder. Quinquagénaire bien tassé, il souffre de problèmes personnels qui l’ont obligé à changer de métier quelques années plus tôt. Ayant fait carrière comme chirurgien, il s’est reconverti en tant que coroner au service de la justice. Quelques années à peine lui ont suffi pour se faire respecter dans ce milieu judiciaire. Dur mais juste dirons les policiers qui le craignent désormais. Et il est vrai que l’amour de la justice et surtout celui de la vérité le guident tout au long de ce livre. Si sa volonté de rouvrir une ancienne enquête a pu faire grincer des dents dans le commissariat où se trouve Trudy (en particulier celle de son supérieur), son expérience du genre humain associée à l’enthousiasme de Trudy ne peut faire que des étincelles… au grand dam des assassins !


Mais si ces personnages sont certes attachants, il me semble qu’il me restera de ce roman policier son intrigue, particulièrement bien ficelée, qui repose avant tout sur la psychologie de ces personnages secondaires, en particulier celle des principaux suspects. Loin d’être caricaturaux, leur complexité rend l’enquête plus prenante encore. Difficile de deviner le fin mot de cette histoire ! Pour cela, il faut attendre les dernières pages pour comprendre où tout cela nous mène. Associée à une atmosphère, certes légère, mais avec un soupçon de grisaille propre à la Grande Bretagne, cette intrigue a rendu mon expérience de lecture particulièrement plaisante et agréable. Suffisamment, en somme, pour me donner envie de suivre ce duo d’enquêteurs encore un peu, dans les opus qui suivront.


Voulez-vous vraiment être responsable de la mort d’un homme, mademoiselle Loveday ?

Comme tout cosy mystery qui se respecte, ce premier roman d’une longue série (je l’espère) nous offre une intrigue suffisamment complexe et bien menée pour nous tenir en haleine au fil des pages. Le duo d’enquêteurs fonctionne à merveille, chacun ayant une personnalité particulièrement attachante. Entre la jeune femme ambitieuse mais freinée par son statut de femme au début des années 1960 et le coroner proche de la retraite dont la vérité doit être l’unique boussole, l’enquête ne faiblit jamais et prend le temps de développer ses personnages secondaires. Bien que moins colorée que d’autres romans du genre, l’atmosphère du livre, quant à elle, est à la fois raisonnablement légère et so british pour nous faire passer un agréable moment de lecture. Et cela me suffit pour avoir envie de découvrir d’autres enquêtes de Loveday et Ryder. Affaire à suivre, donc !


📖📖📖📖



“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

bottom of page