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  • Photo du rédacteurMax

Agatha Raisin, La Quiche Fatale - M. C. Beaton (1992)

Première enquête de la série littéraire à succès qui nous présente une détective aussi loufoque que déjantée. Prenant et divertissant.


Un cosy mystery idéal à lire au coin du feu
 

Agatha Raisin, la quiche fatale, M. C. Beaton, Editions Albin Michel, 2016 (1992)

Sur un coup de tête, Agatha Raisin décide de quitter Londres pour goûter aux délices d'une retraite anticipée dans un paisible village des Costwolds, où elle ne tarde pas à s'ennuyer ferme. Afficher ses talents de cordon-bleu au concours de cuisine de la paroisse devrait forcément la rendre populaire. Mais à la première bouchée de sa superbe quiche, l'arbitre de la compétition s'effondre et Agatha doit révéler l'amère vérité : elle a acheté la quiche fatale chez un traiteur. Pour se disculper, une seule solution : mettre la main à la pâte et démasquer elle-même l'assassin.


Agatha Raisin, c'est une Miss Marple d'aujourd'hui. Une quinqua qui n'a pas froid aux yeux, fume comme un pompier et boit sec. Sans scrupule, pugnace, à la fois exaspérante et attendrissante, elle vous fera mourir de rire !

 

Incroyable succès que celui de la série littéraire des enquêtes d’Agatha Raisin écrites par l’auteure britannique, aujourd’hui décédée, M. C. Beaton. Saga commencée en 1992 avec le premier tome La Quiche fatale, il aura fallu attendre 2016 pour voir en librairie française une première traduction de ce livre. Heureusement pour nous ! Depuis, chacune des nouvelles enquêtes d’Agatha Raisin fait un carton en France et ravit les amateurs de romans policiers à l’atmosphère so british. Un vrai plaisir !


Si je suis venu vous rendre visite, Agatha Raisin, c’est pour vous donner un bon conseil : n’allez pas mettre le bazar dans la vie des gens, ou alors il y aura bientôt un meurtre pour de vrai, et c’est vous qui jouerez le rôle du cadavre !

Avant de rentrer plus en détails dans les aventures de cette enquêtrice hors du commun, attardons-nous un peu sur sa créatrice. Qui se cachait donc derrière le pseudonyme de M. C.. Beaton, disparue en 2019 ? Aucun mystère ici, il s’agissait de Marion Chesney, écrivaine écossaise, qui avait fait ses débuts en littérature à la fin des années 1970 et au début des années 1980, grâce à des romances et des romans historiques. En écrivant depuis à un rythme effréné, minimum deux livres par an, Marion Chesney pouvait, à la fin de sa vie, se targuer d’avoir vendu plus de 20 millions de livres dans le monde. Dont plus d’un million en France. Rien que ça !


Si son succès est aujourd’hui si phénoménal, c’est avant tout grâce aux romans policiers qu’elle a écrit, et particulièrement à deux séries de livres qui comprennent chacune plus d’une trentaine de tomes : Hamish Macbeth, une sorte d’Hercule Poirot à la sauce écossaise qui a vu le jour en 1985, et Agatha Raisin, une Miss Marple quinquagénaire déchaînée apparue pour la première fois sept ans plus tard. Vous l’aurez deviné, les références à Agatha Christie sont évidentes, et M. C. Beaton ne s’en est d’ailleurs jamais cachée. En s'inscrivant ouvertement dans le sillage de la “Reine du Crime”, elle choisit donc volontairement de s’engager dans la veine anglaise du mystère policier. A une différence près tout de même : M. C. Beaton privilégie sciemment le divertissement au meurtre en tant que tel. Car oui, les crimes ne sont sans doute pas aussi travaillés et complexes que ceux d’Agatha Christie, mais les personnages qu’elle met en scène sont si truculents et amusants qu’on ne peut que passer un bon moment en leur compagnie. On le sent, M. C. Beaton ne se prend pas véritablement au sérieux et n’a qu’une seule ligne directrice, qu’elle met en pratique dans tous ses livres : divertir et amuser ses lecteurs. Chose qu’elle fait admirablement bien.


Elle éprouvait le même sentiment que lorsqu’elle était enfant : elle désirait plus que tout faire partie intégrante de cet univers de vieilles traditions anglaises, synonymes de beauté et de sécurité, et pourtant elle restait en dehors, spectatrice.

Maintenant, passons à son héroïne favorite, Agatha Raisin. Qui est donc le personnage au cœur de cet ovni littéraire et qui apparaît pour la première fois dans ce tome-ci, La Quiche fatale ? Agatha Raisin est une femme célibataire d’une cinquantaine d’années qui vient de vendre sa boîte londonienne de communication pour prendre sa retraite anticipée et venir s’installer dans un petit village des Cotswolds, une région dans le Sud-Ouest de l’Angleterre. La vie à la campagne n’étant pas véritablement ce dont elle avait imaginé, elle a en plus du mal à s’intégrer auprès des habitants. Comment faire pour y arriver ?


Participer au concours de quiches du village, évidemment. Mais étant bien trop flemmarde et sans doute aussi piètre cuisinière, elle préfère se rendre chez un traiteur réputé de Londres pour y acheter le plat qui la représentera lors de cette compétition. Manque de bol, le président du jury meurt le soir même après avoir pris des restes de la quiche d’Agatha chez lui. Meurtre ou accident ? Agatha doit absolument découvrir le fin mot de l’histoire pour laver son nom, elle qui a dû révéler sa supercherie lors de l’enquête préliminaire de la police. Commence alors la première des enquêtes de l’héroïne de M. C. Beaton dans la campagne anglaise et ses villages pas aussi tranquilles qu’ils en ont l’air...


Les idées se bousculaient dans la tête d’Agatha tandis qu’elle rentrait chez elle à toutes jambes et fourrait le korma au micro-ondes. N’était-ce pas ce qui importait dans ces petits villages ? Exceller dans une quelconque tâche ménagère ? Si elle, Agatha Raisin, remportait ce concours de quiches, on serait bien obligé de s'intéresser à elle.

Autant l’écrire tout de suite, ici l’enquête passe sans doute au second plan; L’enjeu réside autre part : étant le premier tome de la série, il s’agit de mettre en place les personnages et le contexte rural qui seront au coeur des aventures d’Agatha Raisin par la suite. Bien qu’on découvre des personnages qui, on le sent, seront encore de la partie ensuite (Bill Wong et Roy notamment), en réalité, c’est bien Agatha qui est au cœur de ce récit. Et malgré sa mauvaise foi, son caractère parfois excessif et tempétueux, sa filouterie jamais mesquine, le lecteur ne peut que s’attacher à cette femme qui rêve d’un nouveau départ et qui espère faire partie d’une communauté. Sa générosité (souvent intéressée il est vrai) et son égoïsme nous révèlent en vérité un personnage drôle et profondément attachant. A la réflexion, il semblerait qu’Agatha Raisin soit le genre de personnalité à laquelle on accroche, non par ses qualités, mais par ses défauts, qui ne sont jamais, au fond, véritablement mauvais. C’est parce qu’elle est un peu de tout cela qu’elle en devient véritablement attachante.


Drôle et enthousiasmant, ce premier volet des enquêtes d’Agatha Raisin pourrait sembler pour certains un brin caricatural et grotesque. Il reste néanmoins un roman efficace et très plaisant à lire. On se surprend à aimer cette atmosphère rurale où Agatha a tant de mal à s’intégrer. Les personnages qui habitent ce petit village de Carsely sont tous haut en couleurs et semblent tous avoir quelque chose à cacher… Bref, avec ce livre, le contrat est rempli : on passe un bon moment en sa compagnie. Ne boudons pas notre plaisir : les personnages atypiques comme Agatha Raisin sont trop rares pour ne pas être savourés à leur juste valeur.


L’homme installé à la table derrière elle toussa, s'étrangla, agita son journal avec colère. Elle lança un regard à sa cigarette et poussa un soupir. Puis elle fit signe au garçon. « Changez cet homme de table, celui qui est derrière moi. Il m’importune. »

En somme, ce premier tome de la série des enquêtes d’Agatha Raisin fonctionne à merveille. D’abord, et même s’il ne représente pas réellement le cœur du récit, le mystère qui entoure le crime est suffisamment prenant pour qu’on veuille en découvrir la résolution. Surtout, et bien plus que l’enquête policière en tant que telle, c’est la personnalité d’Agatha Raisin qui nous est présentée ici. Malgré sa mauvaise foi, son caractère parfois excessif, sa filouterie (jamais mesquine), le lecteur ne peut que s’attacher à cette femme qui rêve d’un nouveau départ et qui souhaite plus que tout de s’intégrer dans son nouveau village. Sa générosité (souvent intéressée il est vrai) et son égoïsme nous révèlent un personnage drôle et profondément attachant. En fin de compte, il semblerait qu’Agatha Raisin soit le genre de personnalité à laquelle on accroche, non par ses qualités, mais par ses défauts, qui ne sont jamais, au fond, véritablement mauvais. Drôle et enthousiasmant, ce premier volet des enquêtes d’Agatha Raisin pourrait sembler pour certains un brin caricatural et grotesque. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir : les personnages atypiques comme Agatha Raisin sont trop rares pour ne pas être savourés à leur juste valeur. Un premier tome convaincant, prenant et divertissant, qui nous invite à nous plonger dans les suivants. Que demander de plus ?


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“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

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