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Inferno - Dan Brown (2013)

Un thriller haletant et efficace qui nous fait (re)découvrir Dante Alighieri, sa Divine Comédie, et bien sûr Florence. Du pur Dan Brown.


Un livre passionnant de Dan Brown autour de la Divine Comédie de Dante
 

Inferno, Dan Brown, Éditions JC Lattès, 2013

Robert Langdon, professeur de symbologie à Harvard, se réveille en pleine nuit à l'hôpital. Désorienté, blessé à la tête, il n'a aucun souvenir des dernières trente-six heures. Pourquoi se retrouve-t-il à Florence ? D'où vient cet objet macabre que les médecins ont découvert dans ses affaires ? Quand son monde vire brutalement au cauchemar, Langdon décide de s'enfuir avec une jeune femme, Sienna Brooks. Rapidement, Langdon comprend qu'il est en possession d'un message codé, créé par un éminent scientifique qui a consacré sa vie à éviter la fin du monde, une obsession qui n'a d'égale que sa passion pour « Inferno », le grand poème épique de Dante. 

Pris dans une course contre la montre, Langdon et Sienna font tout pour retrouver l'ultime création du scientifique, véritable bombe à retardement, dont personne ne sait si elle va améliorer la vie sur terre ou la détruire…

 

Dan Brown est un écrivain américain célèbre pour ses romans à suspense et à énigmes qui mêlent habilement histoire, art et conspirations. Le roman qui l’a mis sur le devant la scène est sans nul doute le mémorable Da Vinci Code, livre qui, à l’époque de sa sortie (2003), a fait couler beaucoup d’encre. Écrivain peu prolifique, Dan Brown ne sortant qu’un nouveau roman tous les quatre ou cinq ans environ, la grande majorité de ses œuvres mettent en scène son personnage fétiche, Robert Langdon, éminent professeur de symbologie, pris dans les tourments de l’Histoire et de ses secrets.


Inferno ne fait pas exception à cette règle. Publié en 2013, ce thriller captivant (comme souvent avec Dan Brown) emmène les lecteurs dans un voyage palpitant à travers les rues sinueuses de Florence, en Italie, tout en explorant les thèmes complexes de la surpopulation mondiale, de l'éthique médicale et de la morale humaine. Et si dans le Da Vinci Code, le guide qui accompagnait Robert Langdon dans les méandres de l’Histoire n’était autre que Leonardo Da Vinci,  dans ce roman, il s’agit d’une autre figure majeure de l’art : Dante Alighieri, dit Dante, l’auteur de la célèbre Divine Comédie, poème considéré comme l’une des oeuvres majeures de la littérature mondiale et fondatrice de la littérature italienne. Divisée en trois grandes parties, l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, c’est bien la première partie qui donne le nom à ce roman.


Pour atteindre le Paradis, il faut connaître l’Enfer.

Et comme souvent avec Dan Brown, ce livre est une profonde réussite. Le lecteur est plongé aux côtés de Robert Langdon au beau milieu d’un hôpital florentin, amnésique des quarante-huit dernières heures. Que lui est-il arrivé ? Et pourquoi se trouve-t-il en Italie ? Accompagné de son médecin, le Dr Sienna Brooks, Langdon se retrouve en pleine course contre la montre en Italie avec, pour toile de fond, la Divine Comédie de Dante. 


Du Dan Brown pur jus


On retrouve dans cet Inferno tous les ingrédients du genre qui ont fait le succès de Dan Brown. Car, ne l’oublions pas, ce livre est avant tout un thriller. Et rares sont les écrivains qui en maîtrisent autant les codes. 


On le sait, Dan Brown excelle dans la création d'intrigues labyrinthiques, et Inferno ne fait pas exception. Avec lui, il suffit de parcourir les premières pages de ses romans pour être happé par leur histoire. Si la prose de Dan Brown ne révolutionne pas le genre, elle a le mérite d’être particulièrement efficace : elle suffit à installer une tension et un suspense qui nous pousse à enchaîner les pages, quitte à ne plus voir le temps passer. Les rebondissements et révélations s'enchaînent à un rythme effréné, nous tenant en haleine jusqu’à la dernière page. De ce point de vue, Inferno répond d’une très belle manière à la promesse qui est depuis longtemps attachée au nom de Dan Brown : lire un thriller captivant et faire passer à ses lecteurs un agréable moment de lecture.


Cela étant, on est contraint de souligner que ce style Dan Brown, si reconnaissable, et si plaisant la plupart du temps, suit une formule narrative familière, avec des rebondissements prévisibles et des schémas narratifs récurrents. Ces ficelles apparaissent à chacun de ses romans ou presque. L’un des mécanismes que l’auteur use et abuse dans la plupart de ses livres n’est autre que la fameuse course contre la montre (et, de manière connexe puisqu’il s’agit d’un thriller, la course poursuite, des hommes armés suivant Robert Langdon). Elle impose à ses personnages, Robert Langdon et son acolyte, de se déplacer rapidement au sein d’une ville (Paris dans le Da Vinci Code, Florence ici) tout en résolvant de nombreuses énigmes historiques. Ce schéma romanesque devient de fait un prétexte pour nous faire découvrir l’histoire et les lieux célèbres de ces villes de manière plus insolite (avec de méchants tueurs tout de même). A la lecture de quelques-uns de ses romans, on pourrait supposer malicieusement que Dan Brown éprouve un malin plaisir à se transformer ainsi en guide touristique pour ses lecteurs le temps d’un roman.


Pour les standards actuels, La Divine Comédie n’a rien d’une comédie. Elle est appelée ainsi pour une tout autre raison. Au XIVe siècle, la littérature se scindait en deux catégories : la « tragédie », qui représentait la littérature noble écrite en latin, et la « comédie », écrite en italien vulgaire, destinée aux masses.

Enfin, et pour nuancer une dernière fois ce roman (qui rappelons-le reste une belle réussite pour qui aime le genre du thriller historique), il semble honnête de souligner qu’Inferno souffre de quelques longueurs. Le perfectionnisme et l’ambition que Dan Brown porte pour chacun de ses romans le pousse à écrire des romans particulièrement longs. Ici près de six cent pages tout de même. Un poil long. Surtout lorsqu’il s’agit de raconter quarante-huit heures des péripéties de Robert Langdon. Si la plupart du temps cela ne gêne pas le lecteur envoûté par cette quête historique, force est de constater que certains passages peuvent nous sortir du récit (notamment ceux autour du Consortium et de son Président, assez superflus).


Un plaisir de lecture pour qui aime l’art et l’Histoire


Le style Dan Brown réside également dans la façon dont cet auteur s'approprie l’art et l’Histoire pour les intégrer de manière parfaitement cohérente à ses romans. Et ici, dans son Inferno, l'œuvre maîtresse sur laquelle repose le récit n’est autre que la Comédie humaine de Dante (et, dans une moindre mesure, la peinture de Botticelli inspirée de l’Enfer). Une œuvre dont l’importance culturelle et artistique est tout bonnement considérable.


En faisant graviter son récit autour de ce poème, Dan Brown invite ses lecteurs à partir à la rencontre de Dante par l’entremise de Robert Langdon. Ce dernier, en parfait expert de la symbologie (et donc, d’une certaine manière, en historien brillant), part à Florence sur les traces de l’auteur la Divine Comédie, lui qui y a vécu près de sept cents ans plus tôt. La fameuse course poursuite nous entraîne donc dans les vieilles rues de la ville italienne, et nous fait découvrir, entre autres, le Palazzo Vecchio ou encore  la Cathédrale Santa Maria del Fiore.


Les endroits les plus sombres de l’enfer sont réservés aux indécis qui restent neutres en temps de crise morale. 

Dan Brown offre ainsi une visite immersive de Florence, en intégrant des détails historiques et artistiques qui donnent vie à la ville et ajoutent une dimension supplémentaire à l'histoire. Et en ce qui concerne les oeuvres artistiques mentionnées dans ce livre,  le lecteur est servi : il fait ainsi connaissance avec les incroyables portes du Baptistère Saint-Jean de Florence, le tableau de Vasari, La Bataille de Marciano, mais également la fabuleuse peinture de Botticelli inspirée de l’Enfer de Dante. Autant dire que n'importe quel amateur d’histoire peut se laisser envoûter par ce roman de Dan Brown.


Au-delà de son intrigue palpitante, Inferno aborde des questions éthiques pertinentes, notamment la surpopulation mondiale et les dilemmes moraux de la science. Brown pousse les lecteurs à réfléchir sur ces sujets brûlants, offrant des points de vue intéressants sur certains phénomènes qui ont pris de l’ampleur ces dernières années (n’oublions pas que ce roman a déjà plus de dix ans). Bien entendu, il ne s’agit pas ici de faire une thèse sur le phénomène de surpopulation et sur celui d’épuisement des ressources, ce livre n’a pas la prétention d’être un essai philosophique ou scientifique, le problème n’y est que survolé, de manière évidemment très simpliste comme souvent avec les thrillers qui cherchent à traiter de ce genre de thématiques. Cela étant, la manière dont Dan Brown l’utilise permet de donner un peu plus de profondeur à son récit. Et la façon dont ces théories sont attachées à l'œuvre de Dante est, somme toute, plutôt habile.


Inferno possède tous les éléments caractéristiques qui ont fait le succès de Dan Brown dans le genre du thriller historique. L’auteur excelle dans la création d'intrigues complexes qui captivent le lecteur dès les premières pages. Comme souvent avec lui, le récit est particulièrement bien structuré et rythmé, lui conférant une certaine efficacité qui lui permet de nous tenir en haleine jusqu’à la fin. De ce point de vue, la promesse de ce roman est tenue : nous faire passer un excellent moment de lecture. Néanmoins, ce roman n’est pas exempt de tout défaut. Il souffre par exemple de quelques longueurs (notamment les passages avec le Consortium et son Président, souvent inutiles). Sa formule est également familière pour qui a déjà lu du Dan Brown : son auteur use (et abuse) souvent des mêmes mécaniques narratives (course contre la montre et course poursuite par exemple), rendant les nombreux rebondissements souvent prévisibles. Cela étant, les amateurs de thrillers et d’art ne lui en tiendront pas réellement rigueur. Comme pour ces précédents romans, Dan Brown allie très habilement les codes du thriller avec le monde de l’art et de l’Histoire, avec ici en toile de fond, Florence, et en fil conducteur, Dante Alighieri et le poème, la Divine Comédie. Au côté de Robert Langdon, nous découvrons ainsi cette ville italienne, ses recoins d’exception (le Palazzo Vecchio, la Cathédrale Santa Maria del Fiore) et les œuvres artistiques qui s’y cachent. Bref, un roman qui, somme toute, correspond à du Dan Brown : efficace, passionnant, mais de temps en temps un peu long et prévisible.


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コメント


“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

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