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Da Vinci Code - Dan Brown (2003)

Un thriller ésotérique écrit d'une main de maître et une formidable plongée dans les méandres de l'Histoire. Et si ce qu'on nous avait toujours dit était faux ?


Un thriller ésotérique qui a séduit des millions de lecteurs
 

Da Vinci Code, Dan Brown, Le Livre de Poche, 2014 (2003)

Robert Langdon, un éminent spécialiste de symbologie de Harvard, est convoqué d’urgence au Louvre. On a découvert un message codé sur le cadavre du conservateur en chef, retrouvé assassiné au milieu de la Grande Galerie. Pour examiner la série de pictogrammes, il est épaulé par Sophie Neveu, une brillante cryptographe membre de la police. À leur grande surprise, les premiers indices les conduisent à l'œuvre de Léonard de Vinci. En déchiffrant le code, Langdon va mettre au jour l'un des plus grands mystères de notre temps... et devenir un homme traqué.

 

Né en 1964, Dan Brown est l’auteur contemporain qui a popularisé et élargi les horizons d’un genre littéraire à l’époque plutôt méconnu : le thriller ésotérique. S’il avait déjà publié quelques livres, dont notamment le premier volet de sa série phare mettant en scène Robert Langdon, universitaire américain spécialiste de la symbologie, Anges et Démons (2000), c'est avec son roman Da Vinci Code qu’il devint mondialement connu. Livre vendu aujourd’hui à plus de soixante millions d’exemplaires à travers le monde, faisant de son livre un véritable phénomène populaire, adapté par Ron Howard en 2006 au cinéma (avec notamment Tom Hanks, Jean Reno et Audrey Tautou), son histoire a contribué à développer le thriller ésotérique au sein de la littérature populaire mondiale. Explorant les méandres de l'histoire, de la religion, et de la science pour créer des histoires originales mêlant suspense, meurtres et sociétés secrètes, ce genre littéraire à la frontière entre l’Histoire et la fiction s’est largement développé aujourd’hui, notamment en France dont Éric Giacometti et Jacques Ravenne en sont les plus parfaits exemples avec leur série littéraire portée par un policier franc-maçon, Antoine Marcas. Et c’est ce Da Vinci Code qui est sans nul doute à l’origine de cet engouement.


Mais comment se fait-il que ce roman connut un tel succès mondial ? Peut-être est-ce parce que ce roman, publié pour la première fois en 2003, a su trouver une ligne de crête particulièrement difficile, mêlant l’Histoire, l'art, et surtout la religion catholique. Dans les dédales du Louvre et les recoins obscurs de l'histoire religieuse, Dan Brown déploie une toile complexe d'énigmes et de théories qui intriguent l’imagination du lecteur dès les premières pages. Au cœur de cette aventure éminemment ludique, se trouvent Robert Langdon, symbologiste réputé, et Sophie Neveu, jeune cryptologue, formant un duo improbable mais dynamique qui s'engage dans une quête haletante pour déchiffrer des codes millénaires.


Le génie est toujours un hérétique en puissance.

Et si les thématiques abordées peuvent en partie expliquer ce succès, n’oublions pas le style de ce thriller particulièrement bien ciselé : bien que marquée par certaines longueurs et des dialogues parfois assez plats, l’écriture de Dan Brown y est palpitante, rythmée et permet dans l’ensemble de créer un suspense faisant de ce livre un véritable page turner.


Une livre initiatique


Pour ce livre, Dan Brown nous entraîne dans un voyage peuplé de symbolique religieuse, d'œuvre d’art codées et de secrets millénaires. Et ce faisant, le Da Vinci Code est avant tout un roman porté par un certain nombre d’énigmes et de mystères que les deux personnages principaux, Robert Langdon et Sophie Neveu, doivent résoudre. Face à eux, les antagonistes ne sont autres que l’Opus Dei, cette secte catholique ultra-conservatrice dont le moine albinos Silas est le fer de lance. A travers cette quête que les deux jeunes gens doivent mener à son terme bien malgré eux, c’est tout un pan de l’Histoire qui s’effrite devant eux, remettant en question leur propre perception du monde.


A travers des œuvres d’art exceptionnelles de Léonard De Vinci, dont la fameuse Mona Lisa et La Cène, Robert et Sophie font un voyage à rebours de l’Histoire. Entre détails singuliers et symboles révélateurs, une course poursuite est lancée pour trouver la Vérité. Si l’universitaire navigue ainsi dans un monde qu’il connaît parfaitement, il n’en est pas de même pour la jeune femme. Ce roman est de ce fait un périple initiatique que Sophie effectue à travers l’Histoire, mais également à travers sa propre histoire personnelle. Car chapitre après chapitre, c’est bien son passé qui se dévoile peu à peu. Et si tout ce qu’on lui avait dit depuis qu’elle était toute petite était un tissu de mensonges ?


Depuis une vingtaine d’années qu’il étudiait les liens cachés entre des idéologies et des emblèmes disparates, il se représentait le monde comme une toile tissée par des histoires et des événements intimement liés entre eux.

Mais si cette quête initiatique est avant tout celle de Sophie et de Robert, elle devient également, par effet miroir, celle du lecteur. Dès les premières pages, Dan Brown tisse une toile d'intrigues où chaque indice est une pièce essentielle pour résoudre le puzzle complexe qui se dessine. Si les deux personnages principaux doivent les résoudre, le lecteur intrigué ne peut que s’y essayer lui aussi. Leurs péripéties nous tiennent en haleine, tandis que chaque révélation remet en question notre propre perception de l’Histoire et de la foi. Avec une question qui ne peut que nous tarauder : et si c’était vrai ?


Un roman controversé


Dès sa sortie, et les années qui suivirent, Da Vinci Code n'a pas échappé aux controverses, suscitant des débats enflammés sur l'interprétation de faits historiques et religieux. Les récriminations étaient nombreuses : utiliser des sources trop peu fiables, reliés entre eux des événements historiquement isolés, s’attaquer à l’Eglise catholique, etc… La sortie de son livre (et son succès) a fait couler beaucoup d’encre.


Il est indéniable que Dan Brown oscille tout au long de son roman entre les faits historiques et des théories purement fictionnelles, créant ainsi un récit qui obscurcit consciemment la réalité historique. Mais à vrai dire, peu importe : le Da Vinci Code n’est qu’un roman, une fiction. Le lecteur ne doit absolument pas y voir une thèse complotiste visant à révéler une vérité cachée des siècles durant par l’Eglise catholique. Le catholicisme n’est ici qu’une toile de fond dans laquelle se construit un récit alternatif et, redisons-le, fictionnel.


La Bible est une œuvre humaine, qui a été écrite par une foule de personnes différentes, à des périodes diverses, souvent obscurantistes. Et elle a constamment évolué, à travers d’innombrables traductions, additions et révisions.

Ici, Dan Brown n’a fait que jouer avec les codes du thriller et de la religion catholique pour construire un récit étonnement structuré, quitte à tordre certains faits historiques et à utiliser des pseudo sources religieuses comme argent content. A qui profite le crime ? Avant tout à son roman et à son intrigue, qui tiennent en haleine le lecteur et lui permettent de passer un agréable moment de lecture. N’est-ce pas le but de tout roman ?


L'ésotérisme comme héritage littéraire


Si par « roman ésotérique » on entend tout roman construit autour de secrets millénaires cachés par une symbolique propre que seuls certains initiés peuvent comprendre et trouver, ce livre en est sans doute le plus bel exemple. Pourtant, les romans ésotériques n’ont pas attendu le Da Vinci Code de Dan Brown pour exister, loin s’en faut. Il y en a toujours eu, et des milliers continueront à être publiés. Cela étant, force est de constater que c’est ce livre qui a mis en lumière un genre littéraire longtemps marginalisé. À la croisée des codes et des symboles, ce roman a réussi à faire une synthèse des grands mythes historiques qui perdurent encore aujourd’hui : le trésor des Templiers, le Graal, etc… Et c’est peut-être ce tour de force qui a contribué à faire de ce roman un tel succès.


Lorsqu’on referme ce livre, une chose est certaine : le Da Vinci Code laisse une empreinte dans l'esprit du lecteur. Si certains verront un pseudo intellectualisme populaire caché dans les énigmes et les éléments historiques qui y sont présentés (tout le monde voulant découvrir le Graal), il serait pourtant absurde d'y réduire ce roman. La grande majorité des lecteurs y ont vu un thriller particulièrement efficace (bien que très peu crédible par endroits, comme la fuite du Louvre par exemple) qui invite à (re)découvrir l’Histoire. Et il semblerait que cela ait fonctionné, tant le genre littéraire retrouve ces dernières années un certain attrait. Et tant que cela donne envie de lire, après tout, pourquoi le dénigrer ?


C’est la nature même de l’Histoire que d’être un compte rendu partial des choses.

Le Da Vinci Code de Dan Brown est donc un thriller particulièrement efficace, qui nous tient en haleine tout du long. Si bien sûr, il souffre d’un certain nombre d'imperfections (dialogues parfois plats, scènes improbables, quelques longueurs…), il n’en reste pas moins un formidable page turner, qui se savoure d’une traite. S’il a suscité dès sa sortie de nombreuses controverses, n’oublions pas de prendre ce livre pour ce qu’il est : un roman, une fiction. Dan Brown tord parfois la réalité historique, aborde des théories dont les sources sont souvent plus que discutables, mais il ne fait que jouer avec les codes du thriller et du catholicisme. A travers son intrigue, il traite de nombreux mythes historiques (le Graal, le secret des Templiers, etc…) et en offre une impressionnante synthèse qui ne peut que nourrir l’imagination de ses lecteurs. Car ce livre est avant tout une plongée dans l’Histoire qui a su remettre sur le devant de la scène le thriller ésotérique de la plus belle des manières.


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“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

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