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  • Photo du rédacteurMax

Les Piliers de la Terre, Ellen - Ken Follett (1989)

Une fresque historique au succès retentissant qui nous fait voyager au temps des cathédrales. Un roman pourtant profondément décevant.


Un livre qui nous fait voyager au temps des cathédrales
 

Les Piliers de la Terre, T1 Ellen, Ken Follett, Robert Laffont, 2017 (1989)

1123. Motivés par d’obscures raisons, un prêtre, un chevalier et un moine font pendre un prisonnier après un procès expéditif. Une étrange malédiction semble alors s’abattre sur eux. Dans un royaume d’Angleterre en perdition, morcelé par la guerre, affaibli par la famine et une épouvantable crise religieuse, noblesse et clergé rivalisent d’inventivité pour s’approprier le pouvoir. Lorsque le projet de construction d’une grande cathédrale est annoncé, chacun y voit l’occasion de servir ses propres intérêts...

Les destins de Philip, le prieur, de Jack, le bâtisseur, et de la jeune aristocrate Aliena vont s’entremêler. Tous égaux devant Dieu, ils seront seuls pour affronter leur sort.

 

Ken Follett est un écrivain gallois, particulièrement réputé et populaire, qui a fait parlé de lui en cette fin d’année 2020 en sortant une suite à sa série sur Kingsbridge Le Crépuscule et l’aube paru chez Robert Laffont. Ayant plusieurs fois entendu parler de lui, j’ai voulu découvrir l’un des auteurs les plus lus de ces trente dernières années (il aurait vendu plusieurs dizaines de millions d’exemplaires de ses livres à travers le monde). D’autant plus que son genre de prédilection, le roman historique, m’attire tout particulièrement.


Souvent, un récit peut apporter la réponse à une question fondamentale. (préface)

Ainsi, curieux de me plonger dans cette fresque sur la construction d’une cathédrale au XIIème siècle, dans cette épopée au cœur du Moyen-Âge anglais, j’ai donc décidé d’ouvrir le premier tome des Piliers de la Terre, Ellen, paru en France en 1990. D’ailleurs, au sujet de la traduction française, notons une petite singularité : ce livre a été publié en deux parties, le premier tome, Ellen, et le second, Aliena. Qui plus est, motivation supplémentaire s‘il en est, j’ai été particulièrement ravi de voir qu’il existait une adaptation apparemment très réussie de ce livre en série TV pouvant après, ma lecture, occuper certaines de mes soirées.


Bref, tout ça pour dire que j’attendais beaucoup de cette fresque historique au succès international retentissant. Et comment dire… Dans l’ensemble, j’ai été profondément déçu par cette première partie. Pour tout dire, je crois être passé totalement à côté de ce livre...


Tôt ou tard, toute femme indépendante se fait traiter de sorcière.

Commençons par le plus terrible : je crois que ce qui m’a le plus gêné à la lecture de ce premier tome (qui fait quand même plus de 400 pages) est son écriture souvent, je sais que c'est un jugement sévère, indigente. Beaucoup à juste titre affirment que la plume de Ken Follett est fonctionnelle, simple et directe. C’est sans doute vrai. Et il n’y aurait eu que ça, cela ne m’aurait fondamentalement pas dérangé. Mais ici, me semble-t-il, cette écriture est souvent d’une faiblesse assez consternante. Pire, j’ai eu l’impression, à de nombreux passages, que l’auteur me prenait pour un imbécile. Tout ou presque y est surexpliqué, surindiqué, comme si j’étais incapable de comprendre que l’évêque habillé de noir, montant un cheval noir etc., était méchant et calculateur. Quand une ligne de dialogue se suffit largement à elle-même, il faut que le personnage dont nous est partagé le point de vue nous explique encore que oui, ce que vient de dire son interlocuteur implique certaines choses importantes. Etc. Etc.


A la limite, s’il n’y avait que ça, encore une fois, je crois que j’aurais davantage accroché. Mais le fait de devoir nous expliquer encore et toujours de manière différente la même chose provoque des conséquences assez néfastes sur le récit en lui-même. D’une part, devoir lire toutes les trente pages (bon, j’exagère un peu) des petites phrases qui me rappellent sans cesse qui est qui et les événements passés, comme si j’oubliais nécessairement ce que j’avais lu précédemment, a tendance à m’agacer et donc à me faire décrocher. Mais surtout, cela donne la désagréable impression que le récit n’avance pas. A mon sens, il y a de nombreuses longueurs dans cette première partie qui aurait pu largement être supprimée. Je me demande même à quoi peuvent servir certaines scènes (mais bon, j’attends d’avoir lu la seconde partie pour me faire un avis plus définitif là-dessus).


En outre, même les retournements de situations qui, je crois, se veulent surprenants, me sont apparus bien souvent téléphonés. Et voir les personnages qui s’étonnent de ce qui était pourtant évident m’a également exaspéré. Enfin, même les dialogues, parfois, sont loin d’être naturels et crédibles. Si, un jour, un prêtre vous maudit en vous disant : « Vous souffrirez un éternel tourment dans les profondeurs de l’enfer » prévenez-moi.


Pire, la naïveté propre à cette écriture est à l’origine d’une faiblesse constitutive de ce livre particulièrement capitale, me semble-t-il : la construction des personnages. Tous me sont apparus fait de la même étoffe (très légère), et sont incroyablement caricaturaux. Leur construction est si pauvre qu’on a l’impression que, si l’on s’en tient à leurs pensées et à leur point de vue qui alterne tout au long du récit, leurs intériorités en viennent presque à se confondre. Ce sont typiquement le genre de personnages qui se construisent presque uniquement par les faits : seuls les différencient leurs actes et leur destin. Ils pensent de la même façon et sont tous aussi naïfs. On en vient presque à penser que le personnage le plus crédible est celui de Jack, un adolescent assez simple parce qu’il a vécu toute son enfance seul avec sa mère dans la forêt...


Non, vraiment, toutes ces faiblesses mises bout à bout ont presque fini par me décourager de poursuivre ma lecture. Et c’est là, à plus de la moitié du livre, que je me suis aperçu qu’il y avait quand même quelques éléments à sauver.


La chasteté, élément essentiel de la vie monastique, n’avait jamais été imposée aux prêtres. Les évêques avaient des maîtresses et les curés de paroisse des gouvernantes. De même que l’interdiction des pensées mauvaises, le célibat des clercs était une loi trop dure à suivre. Si Dieu ne pardonnait pas aux prêtres luxurieux, il n’y aurait pas beaucoup de représentants du clergé au paradis.

D’abord, si c’est à partir de la deuxième partie du livre que mon attention s’est réveillée, c’est parce que les parcours des différents personnages qui nous sont présentés jusque-là viennent peu à peu se croiser. Ce qui a le mérite de donner un nouvel élan au rythme du récit qui était quand même largement monotone. Enfin ! Autre élément important : malgré tout, certaines scènes sont quand même haletantes et assez remarquables. Je ne les donnerais pas ici pour ne pas vous dévoiler certaines parties de l'intrigue, mais certains passages sont suffisamment forts pour accrocher le lecteur et lui donner envie de tourner les pages de ce roman. Certes, cela ne dure pas, et on retombe très vite dans la monotonie du récit, mais ces scènes sont quand même bienvenues et salvatrices.


Enfin, et c’est, à mes yeux, la seule véritable force de ce livre, c’est toute la documentation dont a fait preuve Ken Follett et qui transpire à presque toutes les pages. On le sent, l’auteur s’est longuement penché sur la période dans laquelle se déroulait son roman. Il s’éloigne souvent de certains clichés que l’on peut avoir sur le Moyen-Âge et sur le clergé (par exemple, au XIIème siècle, les moines n’étaient pas seuls à vivre dans leur monastère, ils avaient une horde de serviteurs qui travaillaient pour eux), Follett nous aide par le biais de son livre à redécouvrir une époque encore souvent méconnue. Plus remarquable encore est le travail de recherche qu’il a dû faire pour nous expliquer simplement toutes les techniques de maçonnerie et de construction de cathédrale. Bref, à ce titre, ce roman est véritablement réussi et nous immerge plutôt bien dans la période dans laquelle l’auteur a voulu nous plonger.


Mais est-ce que cela suffit à sauver ce livre ? Malheureusement, je ne crois pas. Les nombreux défauts de cette écriture m’ont empêché de véritablement prendre du plaisir à sa lecture. Tout juste ai-je envie de lire la deuxième partie, et encore, ce n’est uniquement pour découvrir son dénouement… Bref, vraiment dommage.


C’est avec une attente non feinte et des a priori plutôt positifs que je me suis décidé à ouvrir cette première partie des Piliers de la Terre. L’incroyablement renommée de son auteur, Ken Follett, et les retours dithyrambiques presque unanimes au sujet de ce livre m’ont très vite convaincu de me plonger au cœur du Moyen-Âge anglais et de la construction de la cathédrale de Kingsbridge. Bref, tout ça pour dire que j’attendais beaucoup de cette fresque historique au succès international retentissant. Et comment dire… Dans l’ensemble, j’ai été profondément déçu par cette première partie. Pour tout dire, je crois même être passé totalement à côté de ce livre… La faute principalement à son écriture qui, et je sais que ce jugement peut paraître sévère, m'a souvent semblé d’une naïveté consternante. Tout est répété, surexpliqué, surindiqué, comme si l’auteur voulait absolument être sûr qu’on ait bien compris ce qui nous été raconté et se sentait obligé de nous prendre par la main à chaque page. Être assisté de cette manière a souvent tendance à m’agacer, et donc à me faire décrocher. Plus gênant sans doute, cette écriture est à l’origine de conséquences plus problématiques : comme tout est répété, rien ne finit par nous surprendre et les retournements de situations tombent à l’eau. Les dialogues sont parfois loin d’êtres naturels. et, pire, ce sont les personnages qui finissent par nous apparaître cruellement pauvres, caricaturaux et là encore, d’une naïveté dérangeante. Cela étant, il y a quand même certains éléments qui m’ont plutôt plu : certaines scènes sont plutôt réussies, et on ne peut qu’être reconnaissant du travail de documentation effectué par Ken Follett pour nous plonger de manière réaliste dans ce Moyen-Âge des cathédrales. Mais est-ce que cela peut suffire à sauver ce livre à mes yeux ? Je n'en suis pas vraiment sûr. Mais je laisse quand même une chance à la seconde partie de me convaincre même si le seul intérêt que je puisse y trouver semble être de découvrir son dénouement.


Une alouette, prise au filet d’un chasseur, Chantait alors plus doucement que jamais, Comme si les doux accents jaillis de son coeur Pouvaient libérer l’aile du filet. A la tombée du jour le chasseur pris sa proie, Jamais l’alouette ne retrouva sa liberté. Les oiseaux et les hommes sont assurés de mourir, Mais les chansons peuvent vivre à jamais.

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“ Chaque esprit se construit pour lui-même une maison, et par-delà sa maison un monde, et par-delà son monde un ciel.”

Ralph Waldo Emerson

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